[Interview] Nefaste : "Je n'aime pas trop les interviews"

Est-ce que tu peux nous présenter ton projet ? Qui est Néfaste ?

Moi c’est Néfaste, j’ai 24 ans, je rappe depuis le lycée, donc ça doit faire une petite dizaine d’années. J’ai sorti un premier EP « Armes blanches/Idées noires » en 2014. L’été dernier j’ai sorti le second EP, « Premier pas ». A côté de ça, j’ai un groupe qui s’appelle RSKP.

Qu’est ce qui t’as poussé à lancer ce projet ?

On écoutait beaucoup de musique avec un ami du collège et on a commencé à faire des clashs. On se clashait entre nous pour rigoler, en impro. Puis on a commencé à réellement écrire nos textes. Au fur et à mesure j’y ai pris goût et je n’ai plus jamais lâché.

Et ton second projet, RSKP ?

Ca doit faire cinq ans maintenant que le groupe existe. On est cinq : Lekma, Foulox, Sams, Sosa et moi. On prépare actuellement notre premier EP.

Ce sont donc deux projets différents… Qu’est ce que c’est deux projets t’apportent ?

Je me suis lancé en solo car les membres de RSKP étaient moins investis dans le projet du fait de leur vie professionnelle ou familiale. Je me suis lancé en solo, mais ils ont toujours été là. A chaque concerts ils sont là. Ils ne me lâchent jamais. Ils sont toujours dans mon entourage.

Un bon crew ! Revenons à ton projet solo, pourquoi avoir choisi ce nom, Néfaste ?

C’est parti du collège ça aussi. On m’appelait comme ça. Mes amis disaient que tout ce que j’écrivais était sombre, triste. Du coup, ils m’ont surnommé Néfaste.

Justement, d’où te vient l’inspiration de tes textes ?

De la vie de tous les jours. C'est vrai qu’artistiquement parlant je suis plutôt sombre. Je n’arrive pas trop à écrire des choses pour faire danser les gens. Pourtant, dans la vie de tous les jours je suis plutôt quelqu’un de souriant. Mais ce qui m’inspire pour écrire, ce sont plus les mauvaises choses.

Tu es sur un registre plus militant…

Oui voilà. J’ai envie de délivrer un message à tous ceux qui écoutent ma musique, plutôt que de faire danser les gens. Je m'adresse aussi bien aux enfants qu'aux adultes… J’essaie de faire attention à ce que je dis, de trouver les bons mots.

Est-ce que tu peux nous expliquer ton processus de création ?

Généralement on m’envoie une instru et ça m’inspire, je me laisse aller. Ca fonctionne comme ça dans 90% des cas.

Quelles sont tes influences ?

Mes influences en rap francophone c’est plus le rap des années 90. La Fonky Family, Iam, La Scred Connexion, Oxmo Puccino, toute l’école Time Bomb… Ce sont aussi des artistes qui sont connus pour leur plume. Je suis de cette école là. En rap US je suis aussi à l’ancienne… Nas, Big Pun, Big L… Je suis dans ces sonorités. Au niveau des instrus, je suis très Mobb Deep.

Tu aimes moins ce qui ce fait aujourd’hui ?

Je peux écouter des sons récents mais ce n’est pas ce que je veux faire, et je ne pense pas que je serais bon là-dedans de toute façon. Ça ne m’inspire pas en fait.

Quels sont les projets à venir ?

En fait avant que je lance le second EP j’étais déjà sur un album. Je voulais justement sortir un EP avant, histoire de faire monter un peu la sauce. Donc là l’album devrait sortir à la fin de l’année. A côté de ça je sors une série de freestyle, qui s’appelle Face à moi-même, pour essayer de faire monter la sauce encore un peu plus. Et l’année prochaine il y a aussi le projet avec RSKP. Donc, il y a pas mal de choses cette année.

Tu peux m’en dire un peu plus sur ce projet freestyle ?

J’ai réfléchis à un concept après l’EP. Vu que je n’avais pas beaucoup de moyen, je me suis dis que j’allais faire des sons par ci par là. Trouver des thèmes qui me parlent, et tout filmer dans ma chambre. J’ai parlé du rap de maintenant qui, justement, ne me parle plus trop. Après je vais traiter d'autres sujets plus personnels. Ça me change un peu. Dans ce projet Face à moi-même, c’est plus spontané. C’est un autre processus de création et de réflexion sur les textes.

Tu fais partie de la sélection Starter 2016, le dispositif d’accompagnement des musiciens du Val d'Oise. Que penses-tu que cela puisse t’apporter ?

Disons que je ne suis pas quelqu’un de très structuré administrativement… Starter peut m’aider à changer cela. Avant je prenais juste ce qu’il y avait à prendre, je n’allais pas forcément chercher des plans de concerts... Le dispositif m’apporte donc une structure, qui me permet de mieux faire évoluer ma musique. Je vais monter mon association par exemple, je vais également disposer d’un accompagnement scénique et vocal. Finalement c’est un ensemble de petites choses qui vont compléter, consolider, ce que je fais déjà. Ça m’apprend à être plus professionnel, parce que j’espère pouvoir vivre un jour de ma musique. Dans 10 ans, j’aimerais avoir plusieurs disques qui ont bien marché et faire un maximum de concerts.

Propos recueillis par Laura