[Interview] : [STÖMB] : "notre musique propose sans rien imposer"

[STÖMB], c'est quoi ?

Le projet est né dans le Val d’Oise sur l’initiative d’Aurélien, guitariste et compositeur du groupe. Ayant d’abord écrit seul plusieurs morceaux, le jeune homme s’entoure ensuite d’Olivier, Alex et Tom au printemps 2012. Proposant de la musique instrumentale sur une base metal, [STÖMB] a depuis produit un album, The Grey. Sorti en 2015, celui-ci est un succès, cumulant d’excellents retours et appréciations. C’est la même année que le groupe assure ses premières scènes en Ile-de-France.

D’où vient votre nom ?

Nous y avons beaucoup réfléchi. Nous voulions un nom évoquant tout un concept, mais également facile à prononcer, à retenir et à référencer. C’est surtout notre bassiste, Alex, qui a effectué l’essentiel des recherches. Féru de mythologie (en particulier celte et nordique) et d’histoire, Alex puise son inspiration parmi les multiples symboles qui y sont rattachés. Nous avons d’abord trouvé quelques noms assez connotés, mais c’est finalement [STÖMB] que nous avons retenu. Pour nous, ce nom évoque un bruit sourd, profond et lourd. Il a un véritable sens et une part de spiritualité. Ce qui nous a plu, c’est qu’il est assez évocateur pour que l’on puisse y retrouver notre identité, mais il est aussi suffisamment abstrait pour que les auditeurs puissent garder leur liberté d’interprétation.

Le metal étant un style où le public accorde une place très importante au chant, comment accueille-t-il votre musique ?

Vu que nous composons sur une base metal, c’est essentiellement un public de metalleux qui nous découvre. Et ce public est très curieux. Dans le metal, on a moins l’habitude d’écouter des albums instrumentaux, donc on va tendre une oreille. Ceux-ci semblent émerger et se démocratiser dans le milieu, même si cela reste encore assez marginal. En ce qui concerne les concerts, l’ambiance est un petit peu différente par rapport à un groupe avec chanteur. Si la plupart des groupes peuvent compter sur un frontman affirmé pour faire bouger la foule, nous proposons en revanche un autre genre d’esthétique. En effet, nos prestations live sont accompagnées de vidéos. Pendant nos concerts, les spectateurs bougent comme lors d’un concert traditionnel de metal, mais moins souvent. Leurs yeux étant attirés par les images, ils sont donc davantage dans la contemplation.

Avez-vous un concept particulier, un message spécifique à communiquer à travers votre musique ?

Nous n’estimons pas avoir de message particulier à délivrer. En fait, notre musique est avant tout un transfert d’énergie. Elle n’est là pour forcément dire quelque chose, mais pour être ressentie en tant que telle. C’est plutôt cela que nous cherchons à partager. Pour parvenir à ce transfert d’énergie, nous devons alors construire une ambiance. Celle de notre album The Grey est à la fois mélancolique et sombre. A partir de cette ambiance, l’auditeur recrée lui-même la sienne. C’est très important pour nous de lui laisser une très grande marge interprétative, nous proposons sans imposer.

Comment réussissez-vous à mobiliser si bien vos influences tout en produisant une musique innovante ?

Nous découvrons d’abord les compositions d’Aurélien, puis chacun de nous y apporte ses remarques et arrangements. La seconde signature est ensuite celle du travail d’Olivier, qui réécrit toutes les parties de batterie. Là où certains s’attendraient à des déluges de double pédale, le jeu d’Olivier est plus progressif, plus aérien. Au final, notre musique est évolutive : elle se déplace entre des parties djent et d’autres plus calmes pour ensuite se rapprocher du post-rock. Mais notre innovation ne s’arrête pas qu’à l’aspect strictement musical : chaque morceau est directement créé en même temps que la vidéo qui l’accompagne. Nous considérons donc Hicham, notre graphiste, comme le cinquième membre du groupe. Ayant également réalisé des visuels pour des groupes tels que Septicflesh, Klone ou Dagoba, c’est un vrai professionnel qui propose des images très travaillées, ce ne sont pas des écrans de veille de Windows ! (rires).

On sent bien votre ferveur à partager à faire aimer le metal instrumental. Avez-vous parfois envie d’y intégrer quelques éléments chantés ?

Quand le groupe s’est formé, nous étions en réalité à la recherche d’un chanteur, que nous n’avons jamais trouvé. Or, nous ne voulions pas que cette absence de chanteur constitue un frein à notre projet. Ecoutant beaucoup de metal instrumental, nous avons alors décidé d’en faire. Comme Aurélien avait déjà composé les morceaux pour un chanteur, nous les avons ré-arrangés. Pour nous, le chant est un instrument à part entière. Nous sommes donc totalement ouverts à l’idée d’intégrer un autre instrument dans notre musique, qu’il s’agisse du chant ou d’autre chose. Nous ne nous imposons aucune règle. Quelques collaborations avec des chanteurs nous plairaient d’ailleurs beaucoup.

Votre album [The Grey] a reçu un super accueil du public metal : très bien noté sur Internet, cité plusieurs fois comme album préféré dans des webzines dédiés et faisant l’objet de chroniques élogieuses. Quel bilan en faites-vous ?

Nous avons été très surpris de cet accueil ! Nous sommes très touchés quand nous lisons des messages de personnes nous disant qu’elles écoutent notre musique en voiture, ou qu’elles l’ont programmée comme réveil matin ! Ce qui nous intéresse, c’est de toucher réellement une personne. Nous en préférons une seule qui est vraiment transportée par notre musique que cent qui l’écoutent d’une seule oreille. Nous sommes donc très fiers, et nous pouvons alors dire que l’album est un succès. Nous en sommes d’ailleurs très satisfaits : pour un premier album, il marque plutôt bien notre identité..

Avez-vous eu des difficultés ?

Nous en avons, mais nous ne les entendons pas comme telles. Nous pouvons parfois avoir du mal à attirer un public écoutant moins de metal. Beaucoup de personnes y sont assez réfractaires car ce sont en fait les parties chantées qui ne leur plaisent pas. Nous proposons donc un metal plus accessible, sans que celui-ci devienne mainstream. En concert, il nous est également arrivé d’appréhender quant à la réactivité du public. Mais ce qui aurait pu être une difficulté devient alors notre atout, nous prenons le public à contrepied en lui proposant un vrai spectacle. Enfin, le déménagement d’Aurélien à Clermont-Ferrand aurait pu être un frein. Mais c’est simplement une question d’organisation. Nous pouvons travailler normalement, et nous veillons simplement à tout prévoir avec beaucoup d’avance, afin qu’il anticipe au mieux ses déplacements.

Quels sont vos projets à venir ?

A court terme, nous travaillons sur un EP de trois titres qui sortira en septembre 2016. Il précèdera notre second album, prévu pour 2017. Nous avons ensuite l’intention d’enrichir nos spectacles en intégrant le mapping vidéo sur scène. Il s’agit de projeter l’image non pas sur une toile mais successivement sur de multiples supports, par exemple des panneaux ou des sculptures. En utilisant différentes surfaces, nous allons ainsi créer un jeu avec la vidéo qui rappelle les jeux de lumière. Nous envisageons ensuite un petit concert au Stade de France en 2018 avec vidéo projection sur la Lune ! (rires).